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Il
était une petite école privée de la capitale, où plusieurs enfants
apprenaient la littérature Scarabée auprès d’un vieux maître,
un professeur si strict que tous ses élèves avaient très peur
de lui et de ses punitions quand ils se comportaient mal ou
faisaient des bêtises.
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Le
professeur aimait beaucoup grignoter pendant que ses élèves
travaillaient et étudiaient. Dans ces moments là, il sortait
un petit panier de son placard et se mettait à manger quelque
chose avec délectation, avertissant fréquemment les enfants
que c’était là quelque chose que seuls les adultes pouvaient
manger, et que ce produit s’avérerait fatal pour des enfants.
Les enfants étaient très curieux, mais n’eurent jamais la
chance de découvrir ce que grignotait le vieux professeur.
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Puis,
un jour, le professeur avait à faire en ville, et laissa derrière
lui une note sur laquelle il demandait aux enfants de bien
travailler pendant sa brève absence. Saisi d’une irrépressible
curiosité, quelques uns des élèves les plus âgés décidèrent
de fouiller dans le placard du professeur pour découvrir ce
qu’était cette mystérieuse nourriture censée constituer un
poison pour eux. A l’intérieur du panier de bambou, ils trouvèrent
des quartiers de kaki séché, proprement rangés, chaque morceau
séparé par un bout d’écorce de kaki. Les enfants crurent alors
que leur professeur ingérait quelque médicament inconnu et
réservé aux adultes.
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Une
fois ce secret révélé, les enfants découvrirent que ce qu’ils
venaient de trouver était un véritable délice pour le palais,
et ils en vinrent à oublier à qui appartenait cette nourriture,
et cédèrent à leur appétit. D’abord, seuls quelques uns des
élèves les plus vieux, et quelques uns des benjamins les plus
audacieux, osèrent déguster quelques morceaux de kaki, mais
bientôt tout le monde s’y mit. Et en un rien de temps le panier
tout entier fut vidé à l’exception de quelques écorces.
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Quand
le festin fut terminé, les enfants reprirent leurs esprits
et réalisèrent ce qu’ils avaient fait. Ils avaient commis
l’impensable ! Ils s’inquiétèrent terriblement : « Que dirons-nous
à notre maître quand il reviendra ? » Ils se remuèrent les
méninges à la recherche d’une excuse à fournir à leur maître,
une excuse qu’il pourrait croire, pour qu’ainsi leur punition
soit moindre. L’un des garçons, qui était d’ordinaire très
silencieux, suggéra une idée. Le garçon prit la très précieuse
pierre à encre de leur professeur sur son bureau et la fit
tomber sur le plancher de bois dur, la brisant en morceaux
et projetant de l’encre noire partout sur le siège moelleux
de leur maître. Alors il renversa le bureau de leur maître
et dit à tout le monde de se coucher par terre avec un drap
posé sur le corps.
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Plus
tard dans l’après-midi, le professeur rentra de son petit
voyage. A peine pénétra-t-il dans la salle avec un bruyant
« Eh hemm ! » qu’il découvrit que la pièce était plongée dans
un désordre complet – de l’encre partout, son bureau retourné,
et tous les enfants reposant sous des draps, le regard ahuri.
Choqué par la scène, le professeur tonna : « Qu’est-ce ce
qui s’est passé ici ? Qu’est-ce que vous avez fait ? » Le
garçon qui avait eu l’idée se releva lentement, son visage
simulant la plus douloureuse souffrance, et dit : « Maître,
au milieu d’un jeu pendant une brève récréation, nous avons
accidentellement renversé votre bureau, brisant votre très
chère pierre à encre. Nous ne savions pas quoi faire, alors,
finalement, nous avons tous décidé de mourir pour payer le
prix de notre acte si impardonnable. Pour cela, nous avons
sorti votre panier du placard et avons mangé tout ce qu’il
contenait. A présent, nous attendons que le poison fasse son
effet. Nous sommes vraiment, vraiment désolés, Maître. »
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Le
professeur poussa un long soupir puis sortit sans dire un
mot. Et dehors, il se dit à lui même, un sourire aux lèvres
: « Hmmm… Ils ont grandi ! »
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